Hikita Bungoro, le Deva du Shinkage ryu

疋田豊五郎
Hikita Kagetomo Bungoro fut l’un des quatre experts que l’on surnomma « deva du Shinkage ryu« . Deva faisant référence aux dieux de l’Hindouïsme parvenu au Japon par le biais du Bouddhisme.
Les quatre deva du Shinkage ryu, tous élève du fondateur de ce style, Kamiizumi Nobutsuna, était Hikita Bungoro, Jingo Muneharu qui créa le Jingo ryu, Okuyama Kimishige à l’origine de l’école Okuyama shinkage ryu, qui devint par la suite Jiki shinkage ryu et Marume Nagayoshi, fondateur du Taisha ryu.
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Hikita serait né en 1537 dans la préfecture Ishikawa. Fils de la soeur aîné de Kamiizumi, il apprit le Heiho (sabre, lance, stratégie, etc) auprès de son oncle étant jeune, et fit également l’expérience du champ de bataille. Il étudia également l’Ogasawara ryu auprès du clan du même nom et le (Kashima) shinto ryu avec Ujii Yashiro. On raconte qu’il était expert non seulement en sabre mais également en lance et en naginata.
Il accompagna son oncle pour accomplir le Shugyo à travers le pays (NdT: on utilise habituellement l’expression Musha Shugyo, l’ascèse du guerrier, pour désigner le voyage itinérant qu’effectuait les bushi pour se perfectionner et s’améliorer). C’est ainsi qu’il fut témoin de la rencontre de Kamiizumi avec Yagyu Muneyoshi, qu’il vainquit en duel ce dernier et participa à sa formation au sein du manoir Yagyu. Hikita était de 10 ans le cadet de Yagyu.
Se référer à l’article: Shinkage ryu, les origines.
Par la suite, il partit accomplir un shugyo en solitaire et si on ne sait pas très bien ce qu’il fit durant cette période, on sait en revanche qu’il enseigna le Heiho à de nombreux disciples en divers endroits du Japon. Par les célébrités qui reçurent son enseignement, on trouve Oda Nobutada, fils aîné du puissant seigneur Oda Nobunaga, Toyotomi Hidetsugu, neveu du également très puissant Toyotomi Hideyoshi , Kuroda Nagamasa et Hosokawa Tadatoshi, seigneur du domaine de Kumamoto, qui eut à son service l’illustre Miyamoto Musashi. Hikita nommait son style Hikita Kage ryu bien qu’on trouve parfois les termes Shinkage no ryu ou encore Shinkage ryu sur les Densho (rouleaux) écrit de sa propre main.
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Durant la période où il était au service de Toyotomi Hidetsugu, il déclina une demande de ce dernier de le voir affronter en duel Nagatanikawa Muneyoshi, un expert de la très ancienne école Chujo ryu. Il fut très admiré pour avoir déclaré:
« Lorsqu’on se connait mutuellement (en technique, en capacité, etc), se battre est inexcusable. Le devoir du bushi est de servir, pas de risquer sa vie inutilement« .
Selon les documents laissés par la famille Wada, instructeur de Shinkage ryu dans le clan Higo Hosokawa, Hikita servit Hosokawa Yusai à Tango Miyasu, pour une solde de 150 koku (NdT: Le koku ancienne unité de mesure correspondait à la quantité de riz nécessaire pour une personne pour une année)
Par la suite, pour une raison obscure, alors qu’il approchait de la soixantaine, il se rasa le crâne et adopta le nom de Kei Unsai. Il effectua de nouveai un shugyo à travers le pays accompagné d’un élève, Shimada Seiroku. Durant les six années que dura ce périple, il affronta au moins 24 personnes de différentes écoles. Face à des adversaires armés de shinai (sabre de bambou), de bâton ou bien encore de bokken, il remporta toujours la victoire en se servant d’un shinai.
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Ancien équipement de Shinkage ryu
Il rendit une courte visite aux Yagyu, remetant un densho à Yagyu Shinjiro, le successeur de Yagyu Muneyoshi à la tête de la famille puis s’engagea de nouveau auprès de Hosokawa Tadaoki, à Fuzen, Kokura et transmit le Shinkage ryu au sein du clan Hosokawa. Il décéda finalement en 1605 au sein de ce clan.
La transmission du Shinkage ryu dont il fut à l’origine existe encore de nos jours. En voici une démonstration en extérieur.

Written by Eric Grousilliat
Débute la pratique de l’aikido en 1988. En 1993, rencontre avec Tamura Nobuyoshi sensei dont il va suivre l’enseignement jusqu’au décès de ce dernier en 2010. Tamura sensei lui délivre le 4e dan en 2009. S’installe au Japon, à Tokyo en 2008, et poursuit la pratique de l’aikido au Tendokan...
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Immobilisations de base


Le yoga version XXIe siècle : détente, luxe et beauté


 
Fini l’image baba cool-encens. Le yoga séduit des citadins aisés qui ouvrent leurs chakras dans des studios design et des tenues chics. Une commercialisation de la discipline aux antipodes de sa philosophie d’origine.
M le magazine du Monde | Par
Sibylle Grandchamp, fondatrice de Merveilles, organise une retraite « Yoga et randonnée » de quatre jours dans les Alpilles.
Sibylle Grandchamp, fondatrice de Merveilles, organise une retraite « Yoga et randonnée » de quatre jours dans les Alpilles. | FRANKIE & NIKKI POUR M LE MAGAZINE DU MONDE
Vous vous dépliez et, allongé sur le tapis, vous n’entendez que votre souffle et celui de votre voisin, que vous connaissez à peine, mais dont vous percevez les moindres tressaillements. La voix claire et profonde de Tatiana Burstein vous parle de vos mouvements, de vos expirations, de vos inspirations. Et doucement, vous ouvrez les yeux, vous étirez vos bras, vos jambes, vous revenez au monde et à cette immense pièce au dallage de pierres et aux grandes fenêtres donnant sur le jardin et, au loin, sur la plaine d’oliviers. Vous êtes au Hameau des Baux. C’est un hôtel de luxe. Confortable, beau, calme et silencieux. Et, très chic, sa réception ne s’ouvre pas sur un de ces halls à la luminosité insupportable, mais sur une librairie des éditions Actes Sud. C’est ici, au cœur des Alpilles, que les clients des Merveilles, « plate-forme de voyages d’exploration intérieure », ont posé leurs bagages pour une retraite de quatre jours.
Retraite haut de gamme, loin des ashrams
Quelques jours auparavant, dans le 2e arrondissement de Paris, sous les grands ventilateurs de style colonial aux pales arrondies du café du Klay, le club de sport pour happy few de la rue Saint-Sauveur où elle a ses habitudes, Sibylle Grandchamp, la fondatrice des Merveilles, nous racontait la genèse de ce projet en sirotant son jus carotte-pomme-gingembre. C’était il y a deux ans. Elle quittait un poste de journaliste lifestyle (mode/luxe/beauté/tourisme). « On peut se cacher des choses à soi-même dans le monde de la mode. On s’achète un nouveau sac, on utilise un nouveau crayon… J’avais perdu la sensation de mon corps. »
En se remettant au yoga de manière soutenue, elle « respire » enfin, retrouve son souffle et sa sérénité. L’idée des Merveilles fait son chemin : des retraites très haut de gamme mêlant yoga, marche, méditation et philosophie dans des lieux époustouflants. Ici, pas question de jeûner ou de boire du bouillon. Au menu...

Les techniques emprisonnent, les principes libèrent


leotamaki.com

Les traditions martiales se transmettent à travers des formes. D'où qu'elles viennent et de tous temps. Si l'une des modes actuelles est à la prétendue absence de techniques, formalisme et rituels, même une observation superficielle permet de constater qu'il n'en est rien. Oui les coutumes peuvent prendre d'autres formes, oui l'enseignement technique peut être limité et ouvert, mais tous ces éléments restent présents. Car si les principes représentent le fond, ils ont besoin du support que sont les techniques pour être transmis. Le danger à éviter est d'en rester prisonnier.
Kono Yoshinori (photo Hélène Rasse)
Kono Yoshinori (photo Hélène Rasse)
Prisonnier de la technique
Les traditions martiales japonaises se sont, probablement plus que toutes autres, reposées sur des formes, katas, pour transmettre des savoir-faire. Et cette façon de faire a prouvé son efficacité à travers le temps. Non parce qu'elle était la meilleure. D'autres limitant l'importance des formes ont passé l'épreuve des siècles et prouvé que la proportion des ingrédients pouvait être variable. Simplement, bien comprise, cette méthode de transmission fonctionne. Point.
Mais toute la difficulté est de comprendre comment fonctionne cette méthode, car une mécompréhension dans le domaine de la pratique martiale peut nous amener à développer un sentiment de compétence dans le combat qui peut nous être très, très dommageable. Avant tout il convient de comprendre que la maîtrise technique n'est PAS le but de la pratique martiale. C'est un simple moyen d'intégrer les principes qui sont l'essence de l'école/art que l'on étudie.
Hino Akira (photo Hélène Rasse)
Hino Akira (photo Hélène Rasse)
La situation martiale est imprévisible. Et elle l'était d'autant plus à l'époque des bushis qui cachaient jalousement leurs techniques. En raison de leur efficacité naturellement, mais aussi car il est beaucoup plus difficile d'agir efficacement face à une situation inconnue, à des mouvements ne faisant pas partie de notre champ d'expérience. Que l'on se souvienne de la supériorité temporaire mais écrasante des Gracie lorsque leur méthode était inconnue ! Aujourd'hui le Jujitsu brésilien est reconnu comme une méthode de combat efficace avec ses spécificités, ni plus ni moins que les autres. Simplement elle avait un avantage phénoménal lorsqu'elle était méconnue de la concurrence.
Le combat de survie où tout est permis étant par définition un saut dans l'inconnu (le combat rituel est une toute autre histoire que je n'aborderai pas aujourd'hui), aucun catalogue technique ne pouvait prétendre à présenter des solutions pour chaque situation, leur nombre étant sans limite. Le cursus d'une tradition martiale visait donc à sélectionner un ensemble de situations génériques qu'il convenait ensuite d'explorer, creuser, triturer pour se l'approprier. Se limiter à répéter ad nauseam un "programme officiel" est ainsi le plus répandu des culs de sac des Budos / Bujutsus. Etre prisonnier de la technique, c'est rester bloqué à la première étape de la transmission shu / ha  / ri, celle de la copie. Celle de l'enfant qui imite son père.
Kuroda Tetsuzan à la NAMT, Nuit des Arts Martiaux Traditionnels
Kuroda Tetsuzan à la NAMT, Nuit des Arts Martiaux Traditionnels
Pourquoi le kata
Les traditions martiales japonaises s'appuient sur des katas. Ces mouvements uniques (Judo, Aïkido, …) ou ces enchaînements de techniques (Kenjutsu, Jujutsu, …) réalisés par de véritables experts démontrent une efficacité incroyable. Malheureusement ils ne fonctionnent que de façon très superficielle si ils ne sont pas sous-tendus par une modification de l'utilisation du corps. C'est pourquoi même si le nombre de formes qui composent le cursus d'une école est limité, il est essentiel.
Dans les Koryus les katas étaient enseignés dans un ordre très précis, mettant l'adepte face à des difficultés croissantes. L'élève ne se voyait d'ailleurs enseigner les étapes suivantes que si il avait surmonté les difficultés des précédentes, et intégré les subtilités qui les rendaient efficientes. Les armes étaient enseignées dans un ordre défini, de même que les katas. Un kata supérieur n'avait pas plus de chance d'être réalisé par un pratiquant n'ayant pas maîtrisé les fondamentaux, que la théorie de la réalité d'être comprise par quelqu'un qui ne maîtrise pas les additions et soustractions.
Akuzawa Minoru (photo Pierre Sivisay)
Akuzawa Minoru (photo Pierre Sivisay)
Dans certaines écoles tous les principes étaient présents dès le départ mais à des niveaux "basiques", tandis que d'autres les révélaient au fur et à mesure. Le point commun était la progressivité de l'enseignement. A ce titre on ne peut que déplorer le choix de maîtres qui, pour des raisons financières ou de préférence personnelle, enseignent les formes à des pratiquants qui n'ont pas maîtrisé les niveaux antérieurs, soit font travailler les katas dans un ordre totalement aléatoire. Leur vision à court terme représente une menace pour la survie de leur école car ses pratiquants sans maîtrise ne sont plus capables de démontrer la moindre efficacité, et ils font en outre courir un risque aux élèves qu'ils entretiennent dans l'illusion.
Tamura Nobuyoshi
Tamura Nobuyoshi
Aïkido et Daïto ryu
Si l'Aïkido puise ses racines dans plusieurs écoles, la majeure partie de son catalogue technique est issu du Daïto ryu. Cette école mystérieuse fondée par Takeda Sokaku, a pour caractéristique d'avoir un catalogue technique plus qu'étendu, dont de nombreuses formes semblent avoir été créées pour illusionner les pratiquants. Si j'aborderai ce sujet dans un article à part entière, je me contenterai d'indiquer que :
-cela ne remet en aucun cas en cause la valeur de l'école,
-cette opinion est le fruit de réflexions et d'échanges avec de nombreux experts de Daïto ryu et de chercheurs sur cette discipline,
-si peu prennent le risque de le dire à voix haute, beaucoup en privé et même aux plus hauts niveaux du Daïto ryu l'évoquent.
Ueshiba Moriheï opéra dans son enseignement un retour aux sources dans le sens où il épura le catalogue du Daïto ryu de mouvements farfelus, et transmis un cursus restreint comme dans les Koryus. Charge aux pratiquants, comme à l'époque des Bushis, de se l'approprier en l'explorant après en avoir maîtrisé les fondements. Restent toutefois les écueils de l'ordre dans lequel les techniques doivent être étudiées, de la définition des principes et stratégies transmis, etc. Les pratiquants d'Aïkido et Daïto ryu ont ainsi entre leurs mains un trésor à l'état brut… qui ne permet rien s'il n'est purifié, raffiné. Une tâche titanesque.
Ueshiba Moriheï, uke Tamura Nobuyoshi
Ueshiba Moriheï, uke Tamura Nobuyoshi
Explorer pour se libérer
Le catalogue technique est donc l'outil qui permet de se confronter aux énigmes corporelles qu'est l'efficacité extraordinaire des grands adeptes. Un véhicule nous permettant d'accéder aux principes qui, seuls, sont garants d'une évolution, et donc efficacité, profondes. Malheureusement trop d'adeptes des traditions martiales japonaises, en particulier de l'Aïkido, se contentent de répéter le catalogue de leur école comme des hamsters courant dans une roue.
L'époque est à la simplification. Ce qui est simple se comprend aisément, mais peine à retranscrire la réalité complexe de notre monde. Et l'absence de nuances polarise, donnant naissance dans les domaines les plus divers à un intégrisme déplorable synonyme de régression. Et la pratique martiale n'y échappe pas. La mesure est essentielle. Dans la culture guerrière japonaise paradoxale, les Budos / Bujutsus s'appuient sur le carcan de la technique pour amener l'adepte à la liberté, la spontanéité. Mais tous n'arrivent pas à s'en libérer…
Les techniques emprisonnent, les principes libèrent
Les techniques emprisonnent, les principes libèrent


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